LE MIRACLE DE NAÎTRE
Je vis mon âme, voyageuse à travers les temps
De vie en vie foulant les voies cosmiques,
Obscure dans les profondeurs, sublime sur les cimes,
Évoluant du ver de terre jusqu’au dieu.
Étincelle du Feu qui ne peut pas mourir
Elle est venue bâtir un abri de matière
Pour Celui qui n’a pas de naissance.
L’obscure, inconsciente Nuit reçut la flamme,
Dans la semence des choses muettes et abandonnées
La vie remue et la pensée trace une forme lumineuse,
Si bien que sur la rapide terre inanimée,
Né du sommeil d’une Nature somnambule
Paraît l’être conscient qui peut aimer et espérer
Le miracle, à lents pas, se perpétue,
Naissance d’Immortel parmi pierres et boue.
Sri Aurobindo, Last Poems