𝗚𝗔𝗥𝗗𝗜𝗘𝗡 J’ai un gardien en moi qui contrôle chacun de mes pas.
Il épie chaque geste, chaque mot, chaque élan que je m’apprête à laisser me traverser.
Avec le temps, il est devenu maître dans l’analyse de l’environnement extérieur. Scanner l’atmosphère ambiante, deviner ce que pense ou ce que ressent l’autre, confronter l’information à sa base de données, élaborer une réponse. Il observe, scrute, écoute tout. Sa stratégie est de récolter le maximum d’informations afin d’accomplir sa sainte mission.
Car sa croisade à lui, c’est de protéger un trésor.
Et son rôle il le prend très au sérieux. Il s’y dévoue corps et âme. Il investi sa mission sans jamais faillir, car il le sait, baisser sa garde, c’est risqué.
Son rôle à lui c’est de protéger du danger, éviter à tout prix la douleur.
Éviter de sentir à nouveau ce qui un jour à laceré les entrailles et fragilisé le cœur.
Éviter de vivre à nouveau cette émotion, celle qu’il a un jour identifié comme étant mortelle.
Alors il a construit une forteresse. Un château fort, solidement gardé. Il a creusé des douves profondes, fait pousser des haies d’épines, placé des sentinelles à chaque fine ouverture du mur épais de pierre, ne laissant, surtout, aucune chance à l’ennemi de s’approcher.
Il surveille l’extérieur comme l’interieur.
Ce qui rentre comme ce qui sort.
Contrôle permanent des frontières.
Sécurité maximale exigée.
Il est tant occupé à sa tâche qu’il ne voit pas qu’il l’étouffe, qu’il l’emprisonne, son trésor bien gardé, étincelle de Vie libre, jaillissement d’innocence et de joie pure, essence du spontané.
Alors Gardien, je te remercie pour ton dévouement sans relâche, ton combat vaillament mené.
Mais viens, prends ma main et suis moi, on va s’asseoir un moment ensemble et respirer. Car je sais que tu es épuisé, à te battre seul sans allié, contre vents et marées. Vient contre moi, que l’on fasse enfin équipe pour éviter les stratégies tragiques.
Viens dans mes bras, et repose toi.
L.
